HISTOIRE

De la préhistoire aux temps modernes Histoire en quelques dates Mustafa Kemal Atatürk

 



L'ANATOLIE ANCIENNE


   Peuplée dès la Préhistoire, la Cappadoce connaît 3000 avant J.-C. la constitution de cités-États liées à la Mésopotamie sous la forme de comptoirs commerciaux.
   À partir du XVIIIe siècle avant J.-C., des royaumes indo-européens, les Hittites, se développent régulièrement jusqu'au XIIe siècle, époque troublée par des peuples venus  de la mer.
   Au VIIIe siècle avant J-C., les Grecs s'établissent massivement sur le littoral égéen et de nouveaux royaumes s'édifient sur les décombres de l'Empire hittite. La population s'hellénise progressivement, malgré la domination perse qui se fera plus pressante au VIe siècle avant J.-C.
   La civilisation grecque persiste dans l'Empire byzantin jusqu'à la fin du monde antique. 

LE MOYEN-AGE  

    Au VIIe siècle après J.-C., les incursions arabes répandent l'Islam jusqu'aux frontières de l'Empire.
   Aux premières heures du XIe siècle le territoire devient l'objet de convoitise des croisés et des Turcs.
   Venus de l'Altaï, les Turcs avaient constitué en Asie centrale l'immense empire des Tujue (VIe -VIIe siècle).
   Convertis à l'islam au Xe siècle, les Turcs Seldjoukides envahissent à partir du XIe siècle tout le Proche-Orient. La victoire de Manziket (1071) leur permet de s'installer massivement en Anatolie.
   Au XIIIe siècle, les Mongols imposent alors leur tutelle aux Seldjoukides. À la fin du XIIIe siècle, une tribu turque établie en Bithynie, celle des Ogrul, s'éloigne de l'autorité  seldjoukide et  se nomme Osmanlis (Ottomans pour les Occidentaux), d'après le nom de leur chef Osman Ier. C'est la naissance de l'Empire ottoman.
   La principauté ottomane se dote rapidement d'une organisation militaire qui lui permet d'étendre son territoire aux dépens de la puissante Byzance.
   En 1326, l'ensemble de l'Anatolie est conquis. En 1353, Orkhan pénètre en Europe.
   Une administration efficace est alors mise en place et centralisée en Anatolie.
   Les pays conquis gardent un certaine autonomie mais restent sous contrôle militaire permanent.
   Le corps d'élite qui assure la supériorité militaire est créé: les janissaires.
   Murat Ier poursuit ses conquêtes en Europe et envahit successivement la Bulgarie puis la Serbie. Il prend le titre de sultan.     
   En 1453, Mehmet II prend Constantinople  et cette date marque la domination turque qui durera 3 siècles dans les Balkans.

LES TEMPS MODERNES

     
   La Bosnie et l'Albanie sont envahies au XVe siècle et Selim Ier fait porter l'effort de conquête vers le monde musulman.
   À leur tour la Syrie puis l'Égypte sont envahies en 1516 et 1517.
   Le règne de Soliman le Magnifique (1520-1566) voit les conquêtes de l'Afrique du Nord et de la Hongrie, mais aussi le siège infructueux de Vienne en 1529.
   Les grandes découvertes du XVIe siècle font rapidement perdre à l'empire son rôle d'intermédiaire commercial incontournable entre l'Europe et l'Orient.
   L'expansion territoriale est ralentie puis stoppée, l'économie s'effrite lentement sous la domination européenne.
   Une deuxième tentative de la prise de Vienne échoue en 1683 et marque une période de recul constant accentué par les guerres continuelles menées par l'Autriche jusqu'en 1791.

L'ÉPOQUE CONTEMPORAINE


   Déchiré par des conflits internes, l'empire tente en vain à se réorganiser pour faire face à un nouvel adversaire: la Russie.
   En 1774 il perd  la Crimée, en 1812 la Bessarabie, en 1830 la Grèce et l'Algérie et enfin l'Égypte en 1840.
   Endetté et en déliquescence administrative le pays laisse la place belle aux ingérences étrangères.
   La crise s'amplifie à la fin du XIXe siècle avec la perte de la Roumanie et de la Serbie en 1878, de la Tunisie en 1881 et de la Bulgarie en 1885.
   Sous le règne de Mehmet V (1909-1918), la révolte des Jeunes-Turcs porte au pouvoir des officiers nationalistes, qui aggravent les tensions entre les différents peuples de l'empire.
   Ils ne peuvent éviter les guerres balkaniques de 1912-1913, qui chassent les Turcs d'Europe et, en 1914, entraînent le pays dans la guerre au côté de l'Allemagne (génocide des Arméniens, en 1915, soupçonnés de vouloir pactiser avec l'armée russe).
   En 1918, les Alliés occupent Istanbul avec l'intention de démanteler la Turquie.
   La ratification du traité de Sèvres par Mehmet VI en 1920 achève de discréditer définitivement le sultanat.
   La Turquie moderne est née et le général Mustafa Kemal prend la tête d¹un gouvernement national, réprime les minorités kurdes, entreprend la reconquête de l'Ionie et de la Thrace occupées par les Grecs.

   Les victoires d'Inönü et de Sakarya aboutissent au traité de Lausanne (1923) qui garantit l'intégrité du territoire turc et impose l'échange forcé de populations entre la Turquie et la Grèce.           
   1.000.000 de Grecs d'Asie et 300.000 Turcs d'Europe changent de territoire.
   Mustafa Kemal proclame la République le 29 octobre 1923 et transfère la capitale à Ankara.
   Il gouverne appuyé par le Parti républicain du peuple, parti unique et entreprend une oeuvre considérable de modernisation économique, d'occidentalisation et de laïcisation du pays, donnant à la Turquie moderne une forte cohésion.
   Son successeur, Ismet Inönü (1938-1950), réussit à maintenir le pays à l'écart de la Seconde Guerre mondiale.
   Le parti démocrate, créé en 1946 par des partisans dissidents de la politique de Kemal met fin au régime du parti unique et emporte les élections de 1950.
   A. Menderes, Premier ministre démocrate, mène une politique d'industrialisation massive très largement ouverte aux capitaux étrangers. De nombreuses participations dans le secteur jusque là étatisé sont accessibles.

   En 1951, la Turquie adhère à l'OTAN accepte l'installation de bases américaines sur son territoire.
   C'est dans un climat d'affairisme et de corruption que la dégradation de l'économie entraîne, en 1960, un coup d'état militaire et la mise en place en 1961 d'une nouvelle constitution.
   Après un retour au pouvoir d'Inönü jusqu'en 1965, S. Demirel et le nouveau parti de la Justice doit affronter une puissante opposition de gauche.
   En 1971, les militaires reprennent la direction des affaires et ramènent au pouvoir les partisans de la politique de Kemal (Inönü, puis B. Ecevit en 1972).
   En 1980, a lieu un nouveau coup d'État militaire, après un retour au pouvoir de Demirel.

   Une fois de plus, la mise en place d'une nouvelle constitution permet au général K. Evren de devenir Président de la République, en 1982, dans un paysage électoral simplifié instituant l'interdiction de tous les partis.
   Les élections de 1983 sont remportées par le parti de la Mère Patrie (droite libérale), nouvellement autorisé et son chef, T. Ozal, est nommé Premier Ministre puis succède en 1989 à K. Evren à la Présidence de la République.  
   Cette même année, la Turquie fait acte de candidature pour son admission au sein de la C.E.E. mais sa candidature est repoussée.
   Pour être admise, il faut, entre autres conditions, que le conflit qui l'oppose à la Grèce depuis l'occupation de l'Est de Chypre par l'armée turque en 1974 soit réglé.         
   En outre, depuis 1991, elle a donné des gages de démocratie avec la libération de 40000 prisonniers politiques et n'ignore plus les revendications nationalistes des Kurdes dont la guerre du Golfe a encore compliqué la situation.

   Aux législatives anticipées d'octobre 1991, le parti de T. Ozal perd la majorité parlementaire au profit du parti de S. Demirel, nouveau Premier Ministre à la tête d'un gouvernement de coalition.         
   La tentative d'ouverture vers les Kurdes modérés est menacée par les progrès de la lutte armée des Kurdes séparatistes, contre lesquels une violente offensive est lancée en 1992.
   Après l'effondrement de l'U.R.S.S., la Turquie engage une diplomatie très active vis-à-vis des républiques turcophones d'Asie centrale et du Caucase.
   S. Demirel succède en 1993 à T. Ozal à la Présidence de la République  et le poste de Premier Ministre est confié pour la première fois à une femme, Tansu Ciller (1993-1996), qui doit faire face à la percée des islamistes du Refah (Parti de la prospérité) au Parlement.

   Arrivé en tête aux élections législatives de décembre 1995, Necmettin Erbakan, dirigeant du Refah, obtient la confiance de l'Assemblée nationale le 8 juillet 1996 et forme un gouvernement de coalition avec le parti conservateur de Tansu Ciller, qui devient vice-Premier Ministre et ministre des Affaires étrangères.
   En juin 1997, N. Erbakan remet sa démission au président S. Demirel en espérant confier son poste à sa partenaire conservatrice Tansu Ciller mais, contre toute attente, M. Demirel souhaite rassembler une coalition laïque écartant les islamistes du pouvoir et nomme le leader de l'opposition Mesut Yilmaz, à la tête du nouveau gouvernement.

    Se succèderont au poste de Premier Ministre : Necmettin Erbakan puis de nouveau Mesut Yilmez puis Bülent Ecevit.
Le 19 novembre 2002, Abdullah Gül est nommé à ce poste où il est remplacé par Recep Tayyip Erdogan en mars 2003, toujours à cette fonction à ce jour.

POUR EN SAVOIR PLUS


 

   Qui étaient-ils, d'où venaient ces Turcs qui prirent Constantinople en 1453 et qui, des siècles durant, ont fait frémir l'Occident ?
   Sait-on que leur histoire est celle d'une mosaïque de peuples qui, de Pékin à Alger et du Pacifique à la Méditerranée ont parcouru presque tout l'ancien monde et que leur rôle dans l'aventure humaine a été fondamental ?
   C'est à ces Turcs dont les héros les plus célèbres s'appellent Attila, Tamerlan, Soliman le Magnifique, Akbar, Atatürk que Jean-Paul Roux a consacré une large part de son oeuvre littéraire consacrée à l'étude des peuples ainsi qu'à l'histoire comparée de leurs religions.

Un ouvrage d'érudit et de spécialiste très complet à ne pas manquer si vous souhaitez en savoir plus sur le sujet.

   

Histoire des Turcs
Deux mille ans du Pacifique à la Méditerranée
Jean-Paul Roux - Editions Fayard


Quelques lignes sur l'auteur

   Né à Paris en 1925, diplômé de l'Ecole Nationale des Langues orientales vivantes et de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, Directeur en études orientales, Directeur ès-lettres... il entre à 27 ans au CNRS pour y commencer une carrière qu'il termine 40 ans plus tard au poste de Directeur de recherches.
   Professeur titulaire de la chaire des Arts de l'Islam à l'Ecole du Louvre de 1965 à 1991, Commissaire général de plusieurs expositions consacrées à l'art islamique, il est l'auteur publié de 26 ouvrages, 79 articles de recherche fondamentale, 43 articles de vulgarisation et collabore à la réalisation de plusieurs travaux collectifs - encyclopédies, dictionnaires - tant en France qu'à l'Etranger.
   Homme de plume mais aussi homme de verbe, on lui doit plus d'un millier de conférences et de participation audiovisuelles.
   Ses travaux lui vaudront de recevoir quelques distinctions honorifiques françaises et d'être décoré personnellement de l'Ordre du Mérite ( Liyakat Nisani ) par le Président de la République turque.

 

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